100 000 logements… pour qui?
Dominique Salgado

100 000 logements… pour qui?

Le Soleil –  3 septembre 2025 – Lettre ouverte – Dominique Salgado – Directeur général du Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH) –

Le maire de Québec, Bruno Marchand, se réjouit des résultats de son administration et rêve désormais de 100 000 nouveaux logements à Québec d’ici 2040.

Une ambition louable, certes. Mais une question essentielle demeure, et elle reste toujours sans réponse: ces logements seront-ils accessibles aux personnes en situation de handicap et aux aînés ? Car il ne suffit pas de construire beaucoup, encore faut-il construire pour tout le monde.

Aujourd’hui, à peine 2 % des logements au Canada sont accessibles, adaptés ou adaptables. Pendant ce temps, plus de 27 % de la population vit avec une incapacité fonctionnelle.

À Québec, comme ailleurs, la réalité est implacable: des milliers de personnes âgées, de familles et de citoyens en situation de handicap se retrouvent dans l’impossibilité de se loger convenablement. Non pas parce qu’il n’y a pas de logements, mais parce que les logements qui existent ne sont pas conçus pour eux.

Vieillissement de la population

Le vieillissement rapide de la population devrait alerter toutes les administrations publiques. Chaque année, la proportion d’aînés augmente et avec elle les besoins en matière d’accessibilité.

Or, malgré les grands discours sur l’habitation, malgré les chiffres impressionnants, malgré les slogans mobilisateurs, jamais la question du logement inclusif n’apparaît clairement dans la Vision de l’habitation de la Ville de Québec. Il faut lire entre les lignes, fouiller à la loupe, pour espérer y trouver une timide mention. C’est inacceptable!

À quoi sert-il de viser «la lune», comme le dit M. Marchand, si cette lune reste inaccessible à une part entière de la population?

Construire sans penser à l’accessibilité universelle, c’est bâtir l’exclusion de demain avec l’argent public d’aujourd’hui.

Le logement social est essentiel. L’abordabilité est cruciale. Mais l’accessibilité universelle doit être au cœur de toute politique d’habitation moderne. Sinon, nous répéterons les erreurs du passé, en multipliant les immeubles qui devront être adaptés — à grands frais — dans dix ou vingt ans.

Nous appelons le maire de Québec et son administration à prendre un engagement clair et public : fixer des cibles chiffrées et ambitieuses pour la construction de logements accessibles, adaptés et adaptables. C’est la seule façon d’assurer que les aînés et les personnes en situation de handicap ne soient plus laissés-pour-compte.

La crise du logement ne se réglera pas seulement avec des chiffres. Elle se règlera avec une vision inclusive, durable et humaine.

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