9 novembre 2023 – La Presse – Katia Gagnon –
Anne-Marie Jobin, 45 ans, est paralysée de la taille aux orteils depuis la naissance. En avril dernier, la vie déjà très difficile de cette femme s’est sérieusement compliquée : elle a dû être hospitalisée pendant huit mois. Alors qu’elle était à l’hôpital, son propriétaire lui a signifié une hausse de loyer pour son appartement situé à Greenfield Park. Le loyer passait, dit-elle, de 830 $ par mois… à 1080 $. Une hausse de 30 %.
Mme Jobin dit n’avoir jamais pris connaissance du document envoyé par le propriétaire, puisqu’elle était hospitalisée. « Je ne l’ai jamais vu, ce document. » Elle n’a donc pas pu refuser la hausse et elle a manifestement été considérée comme acceptée. Et puis, en septembre dernier, elle a signé un document qui résiliait son bail. « J’ai mal compris ce que j’ai signé, dit-elle maintenant. Ça disait que je devais partir le 1er novembre. Je n’aurais jamais dû signer ça, mais là, il est trop tard. »
Résultat : la femme handicapée doit, avec l’aide d’un travailleur social du CLSC, se trouver de toute urgence un nouveau lieu où vivre. Mais avec la crise du logement qui sévit partout au Québec, on ne trouve pas d’appartement qui lui convienne, à un prix qu’elle est capable de payer.
Confinée à son lit, quasi prisonnière d’un appartement jonché de boîtes à moitié faites, Anne-Marie Jobin attend, dans l’angoisse, de trouver un toit. « Je suis une victime de la crise du logement, s’exclame-t-elle. Il y a un gros problème, partout au Québec. Ce n’est pas juste moi qui l’ai, le problème ! »
Des démarches faites « dans les règles »
Le propriétaire de l’immeuble où habite Mme Jobin est la firme YK Realties, qui a son siège social à Outremont. La hausse de loyer transmise à Mme Jobin reflète « des travaux importants » réalisés dans les aires communes de l’immeuble, indique le gérant de l’immeuble, Zev Lowy, qui plaide que toutes les démarches du propriétaire ont été faites « dans les règles ».