Directeur général du Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH) –
Chaque campagne électorale ramène son lot d’images convenues. Et parmi elles, une scène revient inlassablement : le candidat ou la candidate, tout sourire, penché près d’une personne en fauteuil roulant. Une poignée de main bien cadrée, un regard attendri, et surtout un message implicite : « Regardez comme je suis proche des gens, regardez comme je suis inclusif. »
Mais il faut le dire franchement : ces images sont devenues des clichés creux, des outils de communication qui travestissent la réalité. Le handicap n’est pas un décor pour une séance photo électorale. C’est une condition de vie, souvent marquée par l’exclusion, la précarité, les lenteurs administratives, le manque criant de moyens et l’oubli politique.
Parler d’inclusion, ce n’est pas faire une photo en campagne et aligner quelques phrases bienveillantes. Ce n’est pas dire que le handicap est une « richesse » quand l’école inclusive n’a ni le personnel, ni la formation, ni les structures pour fonctionner dignement.
Ce n’est pas promettre une « société 100 % inclusive » sans garantir l’accessibilité des lieux publics, des transports ou du marché de l’emploi. Ce n’est pas, non plus, pleurer sur le parcours d’un enfant en situation de handicap à la télévision pour ensuite voter des budgets qui le condamnent à rester chez lui.
Des actes, pas seulement des paroles
L’inclusion ne se décrète pas, elle se construit avec les personnes concernées, pas seulement en leur nom. Et surtout, elle ne se photographie pas. Elle se mesure aux actes, à la représentativité, aux droits concrets accordés – ou refusés.
Tant que les personnes en situation de handicap seront instrumentalisées pour cocher la case « empathie » dans les stratégies de communication, sans être présentes aux tables de décision, alors l’inclusion restera un mot creux, un rêve bien pratique pour les plateformes électorales.
Assez des sourires de façade. Ce qu’il faut, ce sont des engagements fermes, des politiques ambitieuses, et surtout, la parole donnée à celles et ceux qui vivent le handicap au quotidien. Enfin et surtout, ça prend aussi des élues et des élus qui comprennent que le respect ne passe pas par une image, mais par une politique.
Le handicap n’est pas une mise en scène. C’est un combat quotidien. Et il mérite mieux qu’un cliché électoral.